Une autre métallurgie du fer, la fibule de Lamarque-Pontacq
La découverte, en 1999, de deux objets en fer du milieu du Ve siècle avant notre ère, dans une sépulture éventrée par les labours à Lamarque-Pontacq (Hautes-Pyrénées), a conduit les auteurs à réaliser une étude métallographique sur ces objets. Celle-ci a mis en évidence des caractéristiques originales qui conduisent à penser qu’ils ne sont pas issus de la métallurgie du bas-fourneau .
L’un de ces deux objets est l’arc d’une fibule que Jean-Marie Escudé-Quillet, auteur de la découverte rattache à la culture de La Tène (second âge du fer). Plus précisément entre 475 et 450 avant notre ère. Dominique Fournier a réalisé une expertise métallurgique des deux objets.
Fibule
Une fibule est une agrafe qui sert à fixer les extrémités d’un vêtement. Elle mesure une dizaine de centimètres. Elle est gravée ou décorée. Le fragment retrouvé à Lamarque- Pontacq correspond à l’arc et au ressort.
L’article de Jean-Marie Escudé-Quillet et Dominique Fournier
EXPERTISE MÉTALLURGIQUE DE DEUX OBJETS EN FER SUD-AQUITAINS
DU MILIEU DU Ve SIÈCLE AVANT NOTRE ÈRE
(Tumulus LP 23, Lamarque-Pontacq, Hautes-Pyrénées)
Archéologie des Pyrénées Occidentales et des Landes. Tome 19, 2000.
Une autre métallurgie du fer
L’examen de ces deux objets permet d’affirmer que leurs fabricants maîtrisaient :
- Un procédé de réduction du minerai permettant d’obtenir un métal d’une très grande propreté, soit sous forme de fer, soit sous forme d’acier doux homogène. Cela nécessitait l’emploi d’un minerai de haute pureté et une technique de réduction évitant les contaminations inhérentes aux bas-fourneaux.
- Des procédés de mise en forme, insoupçonnés dans le domaine du fer, à savoir la production d’ébauches de formes pleines ou creuses. Si ces éléments sont nouveaux en regard de la littérature spécialisée actuelle, ils sont cependant en cohérence avec les savoir-faire de l’époque dans les domaines de l’argile, des minerais et du feu.
Des travaux d’archéométallurgie expérimentale récents (Fer et Savoir-Faire et M. Daban, artisan métallurgiste à Nay) ont montré la validité d’une voie plus directe – compatible avec les caractéristiques des deux objets étudiés – que le bas-fourneau classique pour la réduction du minerai, voie liée à la métallurgie des poudres et faisant appel à des techniques et à des Connaissances de céramistes, avec réduction et mise en forme à partir de poudre traitée dans des moules d’argile pour obtenir du minerai et la forme préliminaire de l’objet.
A notre connaissance, il n’y a pas de publication de travaux de paléométallurgie expérimentale sur ce procédé dans le cas du fer. En revanche, des procédés similaires sont utilisés pour des alliages de cuivre.
Jean-Marie Escudé-Quillet
Dominique Fournier