La mine de Bat Bielhe (2)
Au nord du Col de Louvie, entre vallée de l’Ouzoum et vallée d’Ossau, la mine de fer de Bat Bielhe fait partie de l’ancienne « concession des mines de fer Baburet ». De la mine de Baburet, à l’est de la concession, à celle de Bat Bielhe à l’ouest, il y a plus de 7 km à vol d’oiseau. Pour les uns, la concession renfermait un seul gisement immense, pour les autres, il n’y avait que des affleurements séparés les uns des autres, sans aucune continuité.
Du XVIIIe siècle au milieu du XXe les avis s’opposèrent. Mais, pour les maîtres de forges, la première hypothèse – un seul gisement – augmentait considérablement la crédibilités de leur activité et renchérissait la valeur de biens.
Dans un premier article, Alain Dole, a décrit la minière (une mine à ciel ouvert) repérée lors de son exploration de juillet 2024.
VOIR l’article d’Alain Dole : La mine de Bat Bielhe (1).
Dans cette second partie, nous partons à la recherche de la mine de Bat Bielhe dans les archives, les rapports techniques, les ouvrages anciens, les cartes…
La carte géologique et l’inventaire du BRGM
La mine de Bat Bielh figure dans l’inventaire actuel du Bureau de Recherches Géologiques et Minières. Elle fait l’objet d’une fiche [1] liée à la carte géologique au 1/50 000, n° 1070, (Argelès-Gazost), publiée en 1980.
Des coordonnées de l’emplacement figurent dans cette fiche de présentation, sans que nous puissions être certains de leur exactitude, ce document étant une synthèse de documents antérieurs (1950) qui contiennent des erreurs. Une nouvelle observation sur le terrain s’imposerait…
Altitude : 1720 m.
Ces coordonnées indiquent un second emplacement proche de celui repéré par Alain Dole, à une altitude légèrement supérieure.
Les deux fouilles sont séparées d’environ 70 m en altitude, sur un alignement nord-sud, rive droite de l’Arrec de la Téoulère, à 1 km environ au nord-ouest du col de Louvie (1438 m).
Les fouilles sont insérées dans des dolomies jurassiques noires d’âge Callovo-Oxfordien pour l’excavation inférieure (1652 m) et des calcaires noirs du Kimméridgien pour la supérieure (1720 m).
Le minerai rencontré est de la limonite, un ensemble d’hydroxydes de fer (goethite) pouvant se concrétionner en masses jaunâtres, rougeâtres, brun noir, parfois accompagnées d’hématite.
L’Arrec de la Téoulère.
Les deux minières présumées sont à quelques mètres à l’ouest de l’Arrec de la Téoulère. En occitan-béarnais, un arrec, c’est un ravin, avec ou sans eau. La téoule (teola), est un pigment naturel que les bergers utilisaient pour marquer les brebis afin de différencier leurs propriétaires, une ocre jaune, rougeâtre ou marron. La Téoulère désigne le lieu d’extraction de cette argile colorée. À proximité des cabanes de Bat Bielhe, une estive importante, ces ocres étaient recherchées et précieuses.
Ce toponyme, la Téoulère , sans doute transmis de générations en générations, est un indicateur fiable que ces affleurements ferrugineux étaient connus de longue date.
1754 – La concession de Baburet
Le pouvoir royal a toujours assujetti l’exploitation des mines – ou d’autres industries – à son autorisation et au versement de redevances proportionnelles à leur activité. Nous ne connaissons pas les concessions les plus anciennes accordées pour exploiter la mine de Baburet.
Mais, en 1753, le marquis de Loubie demande la concession des mines qui peuvent se trouver dans les terres de Loubie et de Listo [13]. C’est alors Jean-François César d’Incamps (1689-1772) qui est seigneur de Loubie et Listo et propriétaire de larges parties de leurs territoires.
Le 26 juin 1754, une ordonnance royale lui accorde l’institution de cette concession. Cette ordonnance royale reste pour le moment introuvable dans les principaux fonds concernant la mine de Baburet ou les sociétés qui l’ont exploitée : Archives nationales, documentation du BRGM, Archives nationales du monde du travail, Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques…
Mais on peut déduire son contenu de l’ordonnance du 23 septembre 1829, portant délimitation de la concession des mines de fer de Baburet, dans la commune de Louvie-Soubiron (Basses-Pyrénées) [12].
Art.Ier. La concession des mines de fer dites de Baburet, appartenant au marquis d’Angosse, et située dans le département des Basses-Pyrénées, est et demeure limitée ainsi qu’il suit, savoir…
Les termes est et demeure limitée indiquent que l’on reconduit les indications de la précédente ordonnance, celle de 1754. La vaste concession ainsi délimitée (1656 ha) s’étire sur plus de 7 km de la forge de Nogarot à l’est au Col de Louvie à l’ouest, entre le vallon du Laussiès au sud et la montagne de Jaout au nord, en englobant le quartier de Bat Bielhe. (Voir le plan du domaine d’Angosse ci-dessous)
L’inclusion de ce quartier dans la concession prouve qu’on en connaissait l’intérêt. Mais s’agissait-il d’indices, d’affleurements ou d’une ancienne exploitation ?
1781-1798 – La mine de fer micacée du Col de Loubie
À la fin du XVIIIe siècle, Bernard Palassou (1745-1830), François Flamichon (1750-1788) et Philippe-Frédéric de Dietrich (1748-1793) ont étudié la minéralogie, la géologie et les mines du Béarn . Dans leurs écrits le terme mine désigne le minerai. Pour l’exploitation de cette mine, les termes minière, galerie et mine sont employés selon les cas.
1781 – Bernard Palassou
En 1781, Bernard Palassou publie le résultat de ses recherches minéralogiques dans les Pyrénées, vallée par vallée, dans son Essai sur la minéralogie des Monts-Pyrénées.
p.122-123 – Description des mines que l’on trouve dans les montagnes qui dominent la vallée d’Asson.
Près du col de Loubie, sur la rive gauche du ruisseau qui y prend sa source, on rencontre de la mine de fer micacée : Ferrum intractabile, rubricans, micaceum, nitens. Linn.[2]
La mine de fer micacée, suivant les essais de M. Sage, produit cinquante livres de fer par quintal. M. Monnet dit qu’elle est très pauvre en fer, & qu’un quintal de cette mine n’en rend pas plus de quinze à dix-huit livres.
La mine de fer micacée, du col de Loubie, est attirée par l’aimant.
Ferrum intractabile, rubricans, micaceum, nitens désigne, dans la nomenclature linnéenne, une mine de fer de couleur rouge, micacée et luisante. Bernard Palassou rapporte les avis d’un chimiste minéralogiste réputé Balthazar Georges Sage (1740-1824) et d’un inspecteur-général au Corps royal des mines, Antoine Grimald Monnet (1734-1817). Les conclusions des deux experts divergent : un rendement possible d’environ 50 % pour Sage [15] et de seulement 15 à 18 % pour Monnet [14] est attendu d’une mine de fer micacée.
Concernant la mine de Baburet – selon son appellation ultérieure – Palassou écrit (p. 122) :
Près de Haugaron, est la mine de fer, en chaux brune et solide de Loubie, que l’on convertit en fer dans les forges de Nogarot et de Saint-Paul.
Pour lui, il ne s’agit donc pas de la même mine à Baburet et au Col de Louvie, ce qui exclut, a priori, la possibilité d’un gisement de même nature allant de Baburet à Bat Biehle.
Le gisement est indiqué sur la carte III qui accompagne l’ouvrage, au nord du Col de Louvie, par le symbole ♂ qui désigne le fer pour les métallurgistes du XVIIIe siècle. Et celui de Baburet par le même symbole à l’ouest du hameau de Haugaron.
1783 – François Flamichon
L’indication de cette mine de fer ne figure pas sur la « Carte de la province de Béarn divisée par sénéchaussées » de François Flamichon dessinée en 1783 [3], ni non plus celle de Haugaron (Baburet), ce qui est étonnant.. Par contre Flamichon la répertorie deux fois dans son Mémoire d’accompagnement de la grande carte minéralogique des Pyrénées, daté du 28 octobre 1782, mémoire manuscrit et jamais édité [4] .
Section «Vallée d’Ossau» : 78. Près du Col de Louvie Soubiron et sur la rive gauche du ruisseau qui y prend sa source, on trouve de la mine de fer micacée qui parait abondante. Elle est très luisante. Je ne sais si elle est traitable.
Section «Vallée d’Asson » : 83. Près du col de Loubie sur la rive gauche du ruisseau qui y prend sa source, de la mine de fer micacée attirable par l’aimant.
Quant à la mine de fer de Louvie (Baburet), elle est est aussi indiquée :
Section «Vallée d’Asson , Béarn» : 81. On trouve , au dessus de Haugaron la riche mine de fer de Loubie. Elle est en chaux, brune et solide, elle est convertie en fer dans les forges de M. le Marquis d’Angosse à Asson , et produit l’excellence du fer».
Flamichon, qui est Ingénieur géographe, emploie la même terminologie que Palassou pour la caractérisations des ces deux mines. Il est l’illustrateur de la Minéralogie de Palassou. On peut supposer qu’il en a aussi dessiné les cartes. Les sept cartes annexées à la Minéralogie constitueraient-elles la grande carte minéralogique des Pyrénées ? Elles indiquent en tout cas l’emplacement des mines citées dans son mémoire.
1786 – Frédéric de Dietrich ne mentionne pas de gisement au Col de Loubie, dans sa description de la vallée d’Asson, ni dans celle de la vallée d’Ossau [5].Pourtant, il a longuement échangé avec Jean-Paul d’Angosse qui l’a reçu au Château des Forges, en 1785. Dans la septième partie de la Description des gîtes de minerai, des forges et des salines des Pyrénées, il étudie soigneusement le fonctionnement de la forge d’Asson et de la mine de Loubie, d’après les renseignements fournis par le maître de forge. La mine du Col de Loubie n’était assurément pas exploitée lors de sa visite. Connaissait-on même l’existence d’un possible gisement en ce lieu ?
1800 – La nouvelle mine de Batbielle
En 1798, au décès de son père Jean-Paul d’Angosse (1732-1798), Armand d’Angosse (1776-1852) a 22 ans. Il fut le premier maire d’Arthez-d’Asson et dirigea les forges d’Asson et de Nogarot jusqu’en 1809.
Dans une lettre qu’il adressa le 26 mai 1800 au Conseil des Mines, Armand d’Angosse signale que les travaux de la forge d’Isale – projet remontant à 1772 – allaient grand train et que sa mise en service était prévue pour l’hiver suivant. Pour réduire les énormes frais de transport du minerai jusqu’à cette forge, il envisageait de mettre en exploitation un filon nouvellement découvert à l’intérieur de la concession, sur une pente très rapide de la montagne de Batbielle [6].
Armand d’Angosse évoque un filon nouvellement découvert qu’il envisage d’exploiter. Gisement dont Dietrich ne parle pas. L’intérêt pour ce gisement viendrait-il des écrits de Palassou ?
De la mine de Baburet en vallée de l’Ouzoum à la forge d’Isale en vallée d’Ossau, le minerai était transporté, en chariot, sur 35 km, par Arthez-d’Asson, le chemin des forges jusqu’à Louvie-Juzon, puis par la rive droite de la vallée d’Ossau jusqu’à la forge d’Isale à Louvie-Soubiron. D’où les énormes frais de transport. Le Col de Louvie, à proximité de la nouvelle mine de Batbielle, est à 7 ou 8 km seulement de la forge d’Isale.
La lettre d’Armand d’Angosse semble donc fixer le début de travaux à Bat Bielhe vers 1800.
1854 – Les cartes de l’État-Major
La dénomination Mine de fer de Bat Bielle apparait, semble-t’il pour la première fois, sur les minutes de la carte dite de l’État-Major au 1/40 000, feuille Tarbes S.O. approuvée en 1854, mais levée antérieurement, probablement entre 1840 et 1850.
La carte au 1/40 000 figure le relief par des hachures suivant les lignes de pente, plus ou moins espacées. Ce choix de représentation rend les cartes des zones de montagne peu lisibles.
La mention est reproduite sur toutes les cartes ultérieures dérivées : carte E.M. TARBES 240 au 1/80 000, carte géologique Tarbes au 1/80 000 (1907), carte au 1/50 000 type 1898, carte du Ministère de l’Intérieur au 1/100 000 (1875), carte au 1/50 000 type 1922.
Les cartes suivantes de l’IGN, type 1950, la carte géologique au 1/50 000 et le Géoportail, n’indiquent plus de mine près du Col de Louvie.
Il est surprenant que la mine de fer de Batbielle soit indiquée au même titre que la mine de Baburet sur les cartes de l’État-Major. Les mines en activité reçoivent, en effet, chaque année, la visite d’une Inspecteur des Mines qui établit un procès-verbal de visite, un rapport sur l’avancement des travaux, la sécurité, le respect des obligations légales et qui peut donne un avis sur des questions diverses. Or, dans la longue série de rapports des Ingénieurs des Mines concernant l’exploitation de la mine de Baburet consultée aux Archives nationales par Pierre Machot, il ne se trouve, de 1806 à 1899, que deux rapports évoquant la mine de Bat Bielhe, en 1873 et en 1899.
Alors, l’indication mine de fer de Batbielle portée sur la carte est-elle le fruit d’une observation directe des ingénieurs topographes en charge des relevés sur le terrain ? Ou d’une information glanée auprès d’observateurs locaux ? Ou d’informations données par les maîtres de forge, Armand d’Angosse ou son neveu Charles d’Angosse ?
1873-1899 – Les avis opposés des ingénieurs des mines
Les procès-verbaux de visite de la mine de Baburet de 1873 et 1899 donnent deux avis opposés sur la mine de Bat Bielhe.
1873 – De Baburet à Batbielle, un même gisement
Extrait du procès-verbal de visite de l’Ingénieur des Mines Genreau (11 juillet 1873 [7]
Après avoir constaté, le matin, l’inactivité de la mine de Baburet sur le point ou l’exploitation était concentrée les dernières années de l’exploitation, nous avons employé la journée à aller reconnaître la situation de l’ancienne minière dite de Batbielle, comprise dans la concession de Baburet et située à une altitude de 1600 mètres au dessus du niveau de la mer soit à 1200 mètres au dessus de Ferrières notre point de départ.
Le but de cette visite était de chercher à voir si cette ancienne minière se rattachait au gisement de Baburet qui en est éloigné de plus de sept kilomètres et nous croyons, après avoir examiné avec soin la constitution géologique de la région, que le gîte abandonné de Batbielle est réellement la continuité vers l’ouest du gîte de Baburet. Les formations géologiques que l’on rencontre dans la partie supérieure de la montagne et qui nous semblent appartenir au terrain jurassique se relient de la manière la plus nette avec celles qui se trouvent dans la vallée de Louzom, un peu au nord du gîte de Baburet et les deux gisements semblent situés , à très peu près, à la limite du terrain de transition et du terrain jurassique.
Le gîte abandonné de Bat bielle est réellement la continuité vers l’ouest du gîte de Baburet.
Ce rapport conforte l’idée que le gisement de fer de Baburet est immense, s’étendant sur les sept kilomètres qui vont de Baburet à Bat Bielh. Cette idée était déjà sous-jacente à la demande de concession de 1754.
1899 – Des ocres sans intérêt
L’ingénieur des Mines en inspection à la mine de Baburet le 9 juin 1899 nous apprend que « des fouilles furent également entreprises à Bat Bielle et donnèrent des ocres sans intérêt » [8].
1911 – Une impression peu favorable.
En 1911, vente et revente de la concession et des installations minières se suivent, à quelques jours d’intervalle. Le docteur Rochet avait acquis de Mme de Borelli dans des transactions distinctes, d’une part la concession minière de Baburet, et d’autre part les installations minières et les immeubles rattachés.
Marcel Birot (un expert ? un ingénieur ? un géologue ?) s’adresse le 26 juin 1911 au Baron de Portalis, personnage dont on ne connait pas le rôle exact, domicilié à Oveng (Cameroun)[9]. Le baron Portalis fut plus tard mandataire de M. Lafargue qui finit par acquérir la concession et les installations en 1919.
Bat Bielh. L’éboulement qui s’était produit dans la tranchée a été relevé, mais les mineurs prétendent que la minéralisation ne se poursuit pas en profondeur. Dès que le temps le permettra, je me rendrai à nouveau sur ce point et vous ferai aussitôt mes observations, mais je dois vous dire que j’ai rapporté une impression peu favorable de ce gisement, en raison du peu de minéralisation des calcaires qui l’entourent.
À cette date, 1811, la mine de Bat Bielhe aurait donc été explorée en réalisant une tranchée ?
1928 – Un chapelet d’affleurements importants
En 1926, la Société anonyme des mines de fer de Baburet obtient, après bien des procès avec les précédents acquéreurs, le renouvellement en sa faveur de la concession de Baburet. En 1928, elle publiait une brochure publicitaire «Notice sur les mines de Baburet» à destination de ses futurs actionnaires [10].
Page 12. Les gisements de minerai de fer (hématite) se manifestent, à flanc de coteau sur une distance de six kilomètres par un chapelet d’affleurements importants dont les principaux sont :
L’affleurement de Solane
L’affleurement de Baburet
L’affleurement de Clot-Méné
L’affleurement de Bat-Bielle
Seul, le massif de Baburet a été l’objet d’une prospection sérieuse et importante, les autres massifs sont encore vierges, et constituent les réserves de l’avenir.
La conclusion est pour le moins étonnante (mensongère ?) : la mine de Baburet est exploitée depuis des temps immémoriaux, celle de Clot Méné depuis 1899, et il y a eu des recherches, voire un début d’exploitation à Bat Biehle. Les projections financières qui suivent dans la présentation sont à l’avenant…
Par l’utilisation systématique du terme affleurement, la notice suggère qu’il existe un seul gisement sur toute l’étendue de la concession donnant les meilleures perspectives d’exploitation pour l’avenir.
Elle renforce encore l’idée d’investissements fructueux par l’ajout dans la notice du plan du domaine d’Angosse et de la concession [11]. Ce plan est également mensonger. Les limites du domaine qui y figurent englobent la totalité de la commune de Louvie-Soubiron, alors que les Angosse et leurs successeurs ne sont propriétaires que de 80 % de sa superficie. De même, pour les diverses forêts qui y figurent, et qui sont dans des indivisions intercommunales complexes, ils ne possèdent que des droits de coupe.
Quant à l’affleurement de la Soulane, il fait l’objet d’une brève note dans la procès-verbal de visite de 1899 : Vers le nord, sur la rive gauche de Louzon, au point dit « La Soulane », un puits de quelques mètres a été ouvert, puis arrêté avant que les explorateurs soient arrivés à un résultat bien marqué.
C’est pourtant sur ces informations publicitaires que la Société anonyme des mines de Baburet constitua un capital de 11 000 000 de francs… Elle exploita Baburet et Clot Méné mais n’entreprit jamais de recherches vers Bat Bielhe.
1950 – Sans intérêt
Les documents annexés à la fiche du BRGM, datés de 1958, sont des extraits du rapport de J. Bertraneu (1958).
Bat Bielle. Ce point, signalé sur la carte géologique « Tarbes » au 80.000°, est situé à 7 km à l’Ouest de la mine, à l’altitude d’environ 1.800 m. Il a été l’objet d’un compte-rendu de visite de la part de M. Vincotte (1950) qui signale deux petites fouilles sur limonite dérivant probablement de pyrite, sans étendue ni continuité, dans les dolomies jurassiques. Sans intérêt.
Ce jugement est sans appel… Il n’y eut, pas d’autre étude de cet affleurement de Bat Bielhe. Et la carte géologique Argelès-Gazost de 1980 ne le mentionne plus.
Dans le quartier de Bat Bielhe, le long de l’Arrec de la Téoulère, près du Col de Louvie, il y a donc des affleurements de minerai de fer qui donnèrent lieu à des observations et à des travaux de recherche – comme à la minière repérée par Alain Dole lors de son exploration sur le terrain (Bat Bielhe 1).
Les archives ne mentionnent aucune exploitation réelle, mais la possibilité d’ouvrir une mine à Bat Bielhe fut utilisée à plusieurs reprises (en 1800, 1873, 1928) comme argument de valorisation de la concession de Baburet.
Une nouvelle étude du terrain permettra de vérifier l’existence de la seconde minière signalée par le BRGM (Bat Bielhe 2), et de repérer la téoulère qui fournissait l’ocre employée pour marquer les brebis.
5 novembre 2024. Émile Pujolle.
Notes et références
- [1] BRGM. Dossier du sous-sol. Louvie-Soubiron. Code : BSS002LXNS. Ancien code – avant 2017 : 10701X4005.
- [2] En 1735, Carl von Linné (1707-1778) publie le premier essai de classification systématique des trois règnes minéral, végétal et animal. Bernard Palassou utilise la classification linnéenne dans ses écrits.
- [3] ADPA. C 1435. Carte de la province de Béarn divisée par sénéchaussées, dédiée aux États par M. Flamichon, ingénieur-géographe. Elle contient l’indication des mines. Rouleau. Papier collé sur toile. 1783.
- [4] AN F14 4245. François Flamichon Flamichon. Mémoire d’accompagnement de la grande carte minéralogique des Pyrénées. Manuscrit. 28 octobre 1782.
- [5] Baron de Dietrich, Description des gîtes de minerai, des forges et des salines des Pyrénées, suivi d’observations sur les fers mazé et sur les mines des Sards en Poitou, première partie, 1786, Éditeurs Didot et Cuchet, 600 p., pp. 391 et sq. (consultable sur : Numistral ou sur Gallica).
- [6] AN F 14 4458 Lettre d’Armand d’Angosse au Conseil des Mines, 6 prairial an VIII. Voir la thèse de Pierre Machot, L’industrie sidérurgique dans les Pyrénées occidentales (1806-1868). Université de Paris I Panthéon-Sorbonne. 2000. Vol 1, p 32.
- [7] AN F14 3899 Procès-verbal de visite. 11 juillet 1873. Philippe Genreau, ingénieur des Mines.
- [8] (AN F 14 8339). Procès-verbal de visite. 9 juin 1899.
- [9] Lettre de Marcel Birot au Baron de Portalis. Communiquée par Jacky Brioulet à Ferrières (Hautes-Pyrénées).
- [10] Arhives privées. Notice sur les mines de Baburet. Brochure destinée aux futurs actionnaires de la Société anonyme des mines de Baburet. 32 pages et un plan hors texte.
- [11] Plan du domaine d’Angosse. Notice sur les mines de Baburet, hors texte. Clic droit sur l’image pour l’ouvrir en haute définition dans un nouvel onglet.
- [12] Annales des Mines, deuxième série, tome VIII. 1830. p. 154 et sq. Ordonnance du 23 septembre 1829, portant délimitation de la concession des mines de fer de Baburet, dans la commune de Louvie-Soubiron (Basses-Pyrénées).
- [13] Arch. dép. Gers. Inventaire de la série C. Document non consulté. Louvie et Listo : voir l’article d’Alain Dole.
- +
- [15] M. SAGE, Élémens de minéralogie docimastique, tome second. 1777, Impr+imerie royale, Paris. 466 p. Page 195. Le rendement rapporté par M. Sage est de 36 % et non 50 % comme cité par Palassou.