Bernard Palassou : la vallée d’Asson (1778)
Dans la vallée d’Asson, en montant du Nord au Sud
Pierre-Bernard Palassou contribua par ses études à une meilleure connaissance des Pyrénées.
Description minéralogique…
La carte III de l’Essai sur la minéralogie des Monts-Pyrénées accompagne la description minéralogique, depuis les bordes d’Espoey jusqu’aux environs du village d’Arbéost, dans la vallée d’Asson, en montant du Nord au Sud.
Minéralogie… p. 120 et sq. (mis en forme et réedition par P. Machot)
Pierre-Bernard Palassou
Pierre-Bernard Palassou est un naturaliste béarnais né le 9 juin 1745 à Oloron-Sainte-Marie et mort le 9 avril 1830 à Ogenne-Camptort.
Issu d’une famille de négociants aisés, il fit de bonnes études au collège des Jésuites de Pau, puis au collège de Guyenne à Bordeaux. Après la mort de son père, en 1765, Pierre-Bernard Palassou se rendit à Paris où il entama des études militaires qu’il abandonna pour des études théologiques qui le menèrent jusqu’à la tonsure [1]
Il n’alla pas plus loin dans sa carrière ecclésiastique et se tourna vers les sciences naturelles, notamment la minéralogie. À Paris, il fréquenta plusieurs savants célèbres de l’époque dont Guettard et Lavoisier à qui il fait don d’une collection de minéraux.
L’été, à partir de 1774, il commença à parcourir la chaîne des Pyrénées. afin de faire l’inventaire des ressources minérales et minières. Sollicité par le ministre Bertin, il fit partie de ces savants qui entreprirent l’inventaire des ressources naturelles de la France. En 1781, il publie son Essai sur la minéralogie des Monts-Pyrénées, suivi d’un catalogue des plantes observées dans cette chaîne de montagne, ouvrage enrichi de planches et de cartes. Illustré par Flamichon, cet ouvrage fut favorablement accueilli par les milieux savants et les journaux.
– Voir aussi l’étude très approfondie de
Michel Durand-Degla, « Pierre-Bernard Palassou (1745-1830), pionnier de la géologie des Monts-Pyrénées », Travaux du comité français d’histoire de la géologie, Troisième série, Tome XVI (2002), sur le site des Annales des Mines
Essai sur la minéralogie des Monts-Pyrénée
L’ Essai sur la minéralogie des Monts-Pyrénées remet en cause les idées alors admises sur la structure des montagnes. Son essai fut publié en 1781, avec « le privilège de l’Académie royale des sciences » :
« Rapport sur le minéralogie des Pyrénées de l’abbé Palassou ».
Du 1er avril 1778.
Sur le rapport de MM. d’Arcy, Lavoisier et Desmarets, l’Académie autorise l’impression de cet ouvrage considérable, avec son approbation.
Les observations de M. l’abbé Palassou semblent établir dans la formation des Pyrénées deux époques très marquées :
1° celle des granits, qui paraissent être eux-mêmes de formation secondaire ;
2° celle des pierres calcaires et argileuses qui, suivant l’auteur, ont été déposées par la mer et portent des caractères non équivoques de leur origine.
À ces deux ordres de choses on pourrait en ajouter un troisième. Les eaux, en creusant les vallées dont sont sillonnées les Pyrénées, ont opéré de grands déplacements et ont provoqué la formation d’un banc de troisième ordre, composé en grande partie de quartz, de granits, de schistes roulés.
Telles sont les conséquences que les observations de M. Palassou ont paru présenter aux commissaires nommés pour examiner son ouvrage ; ils ont pensé que cet ouvrage était digne de paraître sous le privilége de l’Académie [2] ».
→ Voir le rapport complet de Lavoisier et Desmarets dans l’article de Michel Durand-Degla.
Les Mémoires
En juillet 1788, Palassou mit fin à sa carrière parisienne et vint se fixer en Béarn. De 1788 à 1794, il vécut à Pau. Ruiné par la Révolution qui avait mit fin à ses droits seigneuriaux [3], il mena alors une vie retirée, à Ogenne, dans sa propriété de Susbielle. Il y vécut dans la gêne, presque la pauvreté.
En 1807, le Conseil général de Basses-Pyrénées, présidé par Armand d’Angosse, sollicita pour Palassou le titre d’inspecteur des mines du département pour le dédommager des frais qu’il avait engagés dans ses nombreuses campagnes d’exploration des Pyrénées. Le Conseil des Mines ne put lui attribuer cette fonction, en raison de la législation en vigueur. Finalement, en 1819, l’État lui accorda une indemnité annuelle de 1000 F.
Curieux de tout, il s’intéressa aux cagots, aux goitreux, aux bohémiens, aux traditions populaires… et publie à partir de 1815 ses Mémoires pour servir à l’Histoire Naturelle des Pyrénées et des pays adjacents. Dans ce mémoire, l’étude sur les Atterrissements formés des débris des Pyrénées, c’est à dire sur les formations de Piémont, lui fait distinguer les poudingues dont certains furent par la suite nommés Poudingues de Palassou [4].
Bibliographie
- – Bernard Palassou, Essai sur la minéralogie des Monts-Pyrénées, suivi d’un catalogue des plantes observées dans cette chaîne de montagne, ouvrage enrichi de planches et de cartes, chez Didot, Paris, 1781, XX, 384 p, planches et cartes.
Réédition par les Éditions La Découvrance, janvier 2007. Cette édition, mise en page par Pierre Machot pour La Découvrance, respecte la pagination d’origine avec les ornements typographiques et les planches. Elle comporte un index des noms de lieux et un index des noms de personne. Actuellement non disponible (juin 2015).
Essai sur la minéralogie... en mode image – en haute définition – sur le site du Service Interétablissements de Coopération Documentaire (SICD) de Strasbourg. Voir notamment la carte III page 386 (téléchargeable en haute définition).
Essai sur la minéralogie… sur le site de la BNF, Gallica. Voir la carte III.
- – Bernard Palassou, Mémoires pour servir à l’Histoire Naturelle des Pyrénées et des pays adjacents, quatre volumes parus en 1815, 1819, 1821 et 1823.
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- Mémoires… , 1815, Vignancour, Pau, XVI, 488 p. téléchargeable sur le site « Google Books ». Ce volume contient le récit de la troisième ascension du Pic du Midi d’Ossau par Henri Daugerot (14 août 1802) et le « mémoire sur les atterrissements formés des débris des Pyrénées ».
- Suite des mémoires… 1819, Vignancour, Pau, XXIV-430 p. téléchargeable sur le site « Google Books ».
- Suppléments aux mémoires… 1821, Vignancour, Pau, 208 p. téléchargeable sur le site « Google Books ».
- Nouveaux mémoires… , 1823, Vignancour, Pau, 192 p. téléchargeable sur le site « Google Books ».
- – Bernard Palassou, Notice historique sur la ville et le château de Pau, depuis leur fondation et jusqu’au milieu du 18e siècle, 1822, Vignancour, Pau, 69 p. Voir Notice historique… teléchargeable sur le site « Google Books ».
- – Bernard Palassou, Description des voyages de S.A.R, Madame, Duchesse d’Angoulême, dans les Pyrénées, pendant le mois de juillet 1823, 1825, Vignancour, Pau,128 p. Voir Description des voyages... sur le site de la BNF.
- – Bernard Palassou, Observations pour servir à l’histoire naturelle et civile de la vallée d’Aspe, d’une partie de la Basse-Navarre et des pays circonvoisins, avec des preuves de l’exactitude de plusieurs faits relatifs aux Pyrénées, 1828, Vignancour, Pau,204 p. Voir Observations pour servir… sur le site de la BNF.
Notes
[1] Jacques Staes, « Correspondance adressée par le naturaliste Palassou à la famille de Laussat (1799-1830) », Bulletin des Amis des archives départementales des Pyrénées-Atlantiques, Pau, 100 p.
[2] Extrait des registres de l’Académie des sciences, 1778, publiés en 1868.
[3] En 1765, il avait hérité de son père d’une partie de l’abbaye laïque d’Ogeu, fief qui lui apportait quelques revenus. En 1771, il avait vendu ce fief pour 90 000 livres. En 1782, il avait acquis, pour 16 000 livres, « la terre et seigneurie » d’Ogenne et, à ce titre, il avait été « reçu aux États de Béarn ». Cette terre et seigneurie étant dépourvue d’habitation seigneuriale, il avait acquis , à Ogenne, la petite propriété de « Susbielle ». Cf. Jacques Staes, op. cité.
[4] Au Paléocène et pendant l’Oligocène, les Pyrénées naissantes, en voie de soulèvement, offrent à nouveau du relief à l’action de l’érosion. Celle-ci charrie au Sud vers le bassin de l’Èbre et au Nord vers le bassin aquitain des accumulations de débris caillouteux en milieu tout d’abord littoral, puis deltaïque et fluvial. Ces dépôts (poudingues de Palassou) ont contribué à combler une partie du bassin aquitain.
Émile Pujolle