Transhumances en vallée de l'Ouzoum · © stockli

La vallée de l’Ouzoum, éléments d’histoire

,
Pasteurs, chevriers, mineurs et forgeurs

L’histoire de la vallée de l’Ouzom est déterminée par deux éléments fondamentaux :

– la colonisation de la haute vallée par les gens des vallées voisines du Lavedan et d’Ossau,
– la production de fer à partir du minerai de la mine de Baburet.

 

La colonisation agricole et pastorale de la vallée de l’Ouzom

La géographie particulière de la vallée dont l’aval et l’amont sont séparés par une gorge difficilement franchissable explique en partie son mode d’occupation.

La basse vallée comporte deux gros bourgs : Igon cité dès le XII° siècle et Asson, mentionné dès le XIe siècle [1]. Jusqu’à l’entrée des défilés, la vallée fut défrichée à partir d’Asson, puis occupée par des fermes dispersées. Ce mode de peuplement, à partir de la basse vallée, est tout à fait habituel dans la montagne pyrénéenne.

L’implantation humaine dans la haute vallée suivit une logique différente. Peu accessible de l’aval, elle fut d’abord utilisée comme pâturages par les habitants des vallées voisines du Lavedan et d’Ossau. Dès le Moyen Âge, les cadets d’Arrens, de Marsous et d’Aucun en Lavedan s’installèrent, sur la rive droite, dans tous les endroits propices. Ils construisirent de petits hameaux et des fermes isolées, en habitat dispersé inhabituel dans les vallées de la montagne pyrénéenne. Les Ossalois ne créèrent, sur la rive gauche, que le petit hameau des Etchartès. Au XIIe siècle, la vallée était ainsi partagée entre Asson, au nord des gorges, et Ossau et Lavedan, au sud. Les seigneurs de Béarn et de Bigorre entérinèrent ce partage. Lors de la création des départements, en 1790, on reprit les mêmes limites.

Les habitants de la haute vallée revendiquèrent leur indépendance par rapport à leurs communautés d’origine. Après de longs conflits, des territoires communaux cohérents leur furent cédés : Arbéost devint autonome en 1743 et Ferrières en 1790.

Les activités sidérurgiques et minières

La production de fer dans des « forges » à bas-fourneaux à partir du minerai de la mine de Baburet permit peu à peu la jonction des deux parties de la vallée.

La vallée de l’Ouzom est riche en mines de fer : dans la haute vallée, celle de Groute – sur le territoire de Béost – et celles de Clot Méné et de Baburet sur celui de Louvie-Soubiron ; dans la basse vallée, les minières de Larreulet, sur le territoire d’Asson. On n’a aucune certitude sur les débuts de leur exploitation [2], mais la toponymie fournit une indication : l’ancien nom du village de Ferrières, Herrariis, figure dans un document du début du XIIIe siècle, le cartulaire de Bigorre [3].

L’existence d’une mouline à fer (la forge de Louvie) près de Ferrières, au plus près de la mine de Baburet, est attestée par un document de 1512. Dans la basse vallée, la forge d’Asson est reconstruite en 1588. En 1612, les deux forges – et la mine de Baburet – sont la propriété des seigneurs de Louvie. Le fer produit est exporté vers la plaine (Morlaas, Nay, Oloron, Tarbes) et un chemin de communication est créé le long de l’Ouzom, entre la haute et la basse vallée. Dès lors, les histoires des deux parties de la vallée se confondent autour de l’activité liée au fer. Les forges de la vallée de l’Ouzom emploient des mineurs, des forgeurs, des charbonniers. Autour d’elles, de petites industries apparaissent : cloutiers, fabriques de chapelets en perles de buis, tissages.

Depuis la fin du XVIe siècle, Antoine d’Incamps et ses descendants contrôlèrent peu à peu toutes les forêts de la vallée de l’Ouzom pour leurs besoins en charbon de bois. L’héritier des Incamps, Jean-Paul d’Angosse obtint, en 1787, la création de la communauté indépendante d’Arthez-d’Asson, une véritable enclave taillée à l’intérieur même du territoire d’Asson.

Les forges, notamment la forge de Nogarot fonctionnèrent jusqu’en 1866. La mine de Baburet fut exploitée à nouveau, principalement de 1937 à 1962, et desservie par une voie ferrée de 22 km établie entre Ferrières et la gare de Coarraze-Nay pour le transport du minerai.

Notes

[1] Paul Raymond, Dictionnaire topographique du département des Basses-Pyrénées, 1863, Paris, Imprimerie impériale. Réédition, Ekaina, Bidart.

[2] Une exploitation du minerai de fer de Baburet est évoquée dès l’Âge du Fer, mais on manque de preuves archéologiques. Cf. D. Roux, Protohistoire des piémonts pyrénéens : la transition Âge du Bronze-Âge du Fer et les phases anciennes du premier Âge du Fer entre Garonne et Èbre, p. 256-257.

Le travers-banc de la mine de Baburet a été attribué, toujours sans preuves, aux Romains. Cf. Bernard de Palassou, Essai sur la minéralogie des Monts-Pyrénées, 1784, Paris, Didot jeune, p. 123.

[3] Louis-Antoine Lejosne, Dictionnaire topographique du département des Hautes-Pyrénées, rédigé en 1865. Imprimé à Pau, 1992, sous la direction de R. Aymard.