Les forgeurs ariégeois
La forge « à la catalane » est conduite par huit ouvriers qui travaillent à tour de rôle par brigades de quatre. Les forgeurs sont Ariégeois, et passent plusieurs mois en Béarn sans retourner chez eux. Ils sont une centaine à avoir travaillé dans les forges béarnaises au dix-neuvième siècle.
L’équipe
Un des deux escoulas, surveille la réduction du minerai. Il règle l’allure du vent, alimente le creuset en charbon et en minerai selon des règles précises
Le foyé est responsable du creuset qu’il reconstruit « à sa main ». Il l’entretient, change les lourdes pièces de fer qui en garnissent trois des parois. Il travaille aussi au forgeage.
Le maillé est le maître forgeur. Il veille au bon état du mail et de la roue. Il forge et façonne les massoques et massoquettes obtenues par division du massé.
Deux valets d’escoulas apportent la mine et le charbon. Apprentis fondeurs dont la formation dure deux ans, ils sont en général fils ou neveux des escoulas.
Deux piquemines sont chargés de casser le minerai « à la grosseur d’une noix ». L’un assiste le foyé, l’autre le maillé.
Les périodes de repos et de travail alternent toutes les six heures. Les forgeurs dorment dans la « crambote » située au dessus de l’atelier sur des paillasses couvertes, à Nogarot et à Saint-Paul, de draps que l’on lave quatre fois par an…
– Voir Le travail des forgeurs
L’habillement
Une casquette de feutre mou, à longue visière, une chemise de grosse toile, un pantalon ouvert extérieurement le long des jambes, une paire de sabots. Les mains sont emmaillotées de chiffons, les « pelhes ». Les forgeurs changent simplement de chemise quand ils vont se coucher.
Les salaires
Tous sont payés à la tâche : les maîtres, foyer, maillé et escoulas gagnent, en moyenne, près de 50 francs par semaine, les valets, une douzaine et les piquemines beaucoup moins, six francs, mais sont nourris par leurs maîtres. Tous ont à coeur que la production des vingt-quatre masseés de la semaine dépasse au moins soixante-dix quintaux, il y a alors une prime, la « fargade » ; au delà de cent quintaux, une « quadruple fargade » et une grande fierté…
La nourriture
La brigade sortante se restaure : une solide soupe, du pain blanc -privilège des forgeurs-, de la viande à tous les repas, du vin en abondance (le maître doit la nourriture à son aide : à deux ils consomment 6 kg de viande de boeuf et 25 litres de vin par semaine).
L’image mise en avant
Cette image illustre la couverture de l’atlas de Tom Richard. On notera que son auteur, V. Adam, n’est pas l’illustrateur des planches (E. de Séré). Autant l’attitude et l’habillement des forgeurs extrayant un massé du fourneau respectent bien les illustrations de E. de Séré, autant la représentation de l’environnement est fantaisiste : voûte apparente derrière le massé, face du creuset…
Articles connexes
- Tom Richard. Étude sur l’art d’extraire immédiatement le fer de ses minerais…,
- La forge à la catalane
Mise à jour 11 mai 2023. 9 janvier 2008 par Émile Pujolle